Mamadou Diallo

Sénégal : La politique, ça pollue

L'actuel Président Macky Sall, accompagné de son prédécesseur Abdoulaye Wade du temps où le "couple" filait le parfait amour.
L’actuel Président Macky Sall, accompagné de son prédécesseur Abdoulaye Wade du temps où le « couple » filait le parfait amour.

Mon dernier article sur ce blog remonte au mois de septembre dernier. Un long bail. Un très long même. Depuis cette date, je n’ai pas eu le temps, ni l’occasion de «pondre» un seul billet. Je marque mon retour par un papier portant sur le récent évènement politique qui secoue le Sénégal : La polémique sur le retour annoncé de l’ex-président Abdoulaye Wade dans son pays. Je rappelle que je ne suis pas fan de la Politique, surtout de la manière dont elle est faite de nos jours au Sénégal. La politique qui est « l’art de bien gérer la cité » est devenue l’art de bien la ruiner. On ne comprends plus rien du comportement de nos chers politiciens à l’endroit du peuple. Pour des intérêts purement personnels, le pouvoir et l’opposition prennent en otage les populations. Cela, avec l’aide des médias qui sont de plus en plus victimes de manipulation de tous bords. C’est bien vrai que les médias contribuent à la consolidation de la démocratie, mais parfois une certaine presse se comporte en fossoyeuse de cet acquis.

En effet, depuis l’annonce du retour au bercail de l’ancien Président Abdoulaye Wade, après près de deux ans « d’exil » chez Marianne, les langues se délient. On dit souvent que quand les langues se délient c’est pour le meilleur et parfois pour le pire. Depuis lors, les débats et les confrontations, sur le terrain ou dans les médias sont intenses et passionnants. On a replongé dans une campagne électorale qui ne dit pas son nom, même si, me dira-t-on, qu’elle est faite de façon permanente au Sénégal. Les considérations partisanes ont pris le dessus sur l’intérêt national. La parole sur les actes. Du coup les priorités du moment sont mises de côté. Des priorités pour lesquelles Macky Sall a été élu le 24 mars 2012. Et ce sont ces mêmes attentes (non satisfaites) qui ont valu à Abdoulaye Wade et Cie leur éviction du pouvoir. Les Sénégalais n’ont droit qu’aux sempiternels discours populistes et aux promesses farfelues. Rien de concret.

Pourtant, le retour au bercail de celui qui a dirigé le Sénégal de 2000 à 2012 n’aurait pas dû susciter autant de bruit si le régime en place n’avait pas interdit aux militants et sympathisants du Parti démocratique sénégalais d’aller accueillir, avec tout le tintamarre qu’il faut, leur leader. Il suffisait juste de déployer les forces de l’ordre pour veiller à ce qu’il n’y ait pas de débordement de part et d’autre. Tout le monde ou presque sait que le retour de Me Wade est plus ou moins dicté par l’emprisonnement de son fils Karim Wade poursuivi pour enrichissement illicite et dont le procès est prévu au mois de juin prochain. Il est venu à la rescousse de celui qu’il qualifiait du temps de son mandat comme le plus intelligent de tous les Sénégalais. Vieux briscard de la politique, Abdoulaye Wade sait aujourd’hui que sa carrière est finie. Mais, il fera tout pour sauver son fils, quitte à déstabiliser le pouvoir en place. Il a dit, dans un entretien accordé au journal français Le Monde, qu’il usera de tous les moyens légaux pour combattre le régime de Macky Sall. Mais, il faut comprendre qu’il cherche à faire peur . Et je crois qu’il a réussi son jeu. Sinon, rien ne justifie cette panique du côté du pouvoir, allant même jusqu’à restreindre la liberté d’expression qui est l’un de nos acquis démocratiques. Il faut le dire Macky Sall et Cie sont tombés dans le piège de celui qu’on surnomme « Gorgui ». Comme il sait bien le faire, il a fait monter la pression. Une pression qu’ont du mal à supporter Macky Sall et ses alliés.


Reportage chez la communauté africaine de Berlin

 

Berlin, la capitale allemande attire de plus en plus de jeunes africains.
Berlin, la capitale allemande attire de plus en plus de jeunes Africains.

«L’Allemagne est un beau pays, mais très compliqué», lance Pépé entre deux gorgées de bière. Ses deux compatriotes, avec qui il s’est attablé devant le bar Bantou village sur la rue du Cameroun (Kameruner Strasse) à Wedding, acquiescent de la tête. Pépé vit depuis trois ans à Wedding, ce quartier au nord de Berlin. Le jeune homme a un œil assez critique sur son pays d’accueil. D’ailleurs, il ne faut surtout pas l’interroger sur les élections législatives en Allemagne, prévues le 22 septembre prochain. Il ne veut même pas qu’on aborde le sujet. «Ça ne m’intéresse pas, car je sais que ma vie ne dépend pas de ces élections-là. Elles ne changeront rien dans ma vie quotidienne. Le système allemand n’est pas favorable à l’intégration des Africains», dit-il, avant de finir sa bouteille de bière. «Vous voyez, je viens dans ce bar camerounais pour prendre de la bière avec des amis et c’est une façon pour nous d’oublier un peu nos soucis», se justifie-t-il. A bientôt 34 ans, ce jeune Camerounais précise qu’il est dans une situation irrégulière en Allemagne. Il a choisi le pays de Merkel parce qu’il a, dit-il, eu l’opportunité d’effectuer ce voyage. Malgré ses critiques à l’égard du système allemand, Pépé «aime bien la ville de Berlin» qu’il trouve attirante et agréable. Eric, Camerounais lui aussi, vit en Allemagne depuis près de trois ans. La trentaine, il se définit comme «un activiste dans la musique». «J’évolue ici dans le milieu culturel. Je fais de la musique avec des paroles très engagées». Pour Eric aussi, les lois allemandes ne sont pas favorables aux étrangers. «Mieux vaut se désintégrer que de s’intégrer», ironise-t-il.

Trouvé à l’arrêt du métro Afrikanische Strasse, John Okoye joue avec son smartphone en attendant l’arrivée du train. Originaire du Nigeria, il est en Allemagne depuis seulement 16 mois. Il a choisi, dit-il, de venir à Berlin parce qu’il espérait y trouver du travail. Il est issu, ajoute-t-il, d’une famille assez modeste. Ce jeune Nigérian, à la coiffure afro, vivait à son arrivée dans le sud du pays. Par la suite, «j’ai décidé de venir à Berlin et heureusement j’y ai trouvé du travail». Quel travail ? Il ne souhaite pas en dire plus. John Okoye se plaît bien à Wedding qu’il considère comme une Afrique au cœur de la capitale allemande. Ce quartier populaire concentre la plus importante colonie africaine à Berlin. On y rencontre beaucoup de nationalités, à l’image de ces rues, près du parc Rehberge, qui portent des noms de certains pays d’Afrique comme le Sénégal, le Cameroun, le Congo Rd, la Guinée, l’Ouganda, entre autres. Beaucoup de ces rues abritent des commerces tenus par des Africains.

Près de 30 000 Africains vivent à Berlin

Il faut préciser que Berlin accueille un nombre assez important d’immigrés africains. Sur les 480 000 estimés en Allemagne, près de 30 000 vivent à Berlin. Ces immigrés viennent pour la plupart des pays comme le Ghana, le Nigeria, le Cameroun, le Togo, le Maroc, la Tunisie, le Sénégal. Pourtant la communauté africaine est loin d’être la plus importante dans la capitale allemande. Elle ne représente que 3,7 % de la population étrangère à Berlin.

Sileymane Sokome habite, lui, dans le sud-ouest de Berlin. Contrairement aux autres –Pépé, Eric et John Okoye- il vit depuis 11 ans en Allemagne. Le jeune Sénégalais était venu en Allemagne, précise-t-il, pour un but bien précis. «Après deux années passées au département allemand de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, j’ai décidé de faire des études en sciences politiques et juridiques en Europe. J’avais deux pays d’option : La France et l’Allemagne. La France d’abord à cause de la langue et l’Allemagne comme une alternative, vu que j’avais des connaissances de base en allemand. Malheureusement, je n’ai pas eu de préinscription pour la France et l’Allemagne m’avait accordé deux préinscriptions (l’université libre de Berlin et l’université de Goethe de Francfort sur le Main)», raconte-t-il. Sileymane Sokome a débarqué donc en Allemagne le 20 octobre 2002. Aujourd’hui, diplômé de sciences politiques, il a choisi de mener sa vie dans la capitale allemande. Seulement, souligne-t-il, il lui est toujours difficile de trouver un poste adéquat malgré des qualifications requises. «L’intégration pose beaucoup de problèmes malgré aussi une maîtrise parfaite de la langue allemande. L’évolution sur le plan social et professionnel est très difficile et lente. J’ai des amis allemands et je m’efforce à m’intégrer, mais ce n’est pas du tout facile en tant qu’Africain en Allemagne», précise-t-il. 


Mariages forcés et précoces : Silence, on bafoue les droits des filles !

Une carte du Sénégal. Kolda se trouve au sud du pays.
Une carte du Sénégal. Kolda se trouve au sud du pays.

Il y a quelques jours, une affaire aux allures d’un scandale secouait Koulinto, un village situé dans la région de Kolda, au sud du Sénégal. Il s’agissait d’une affaire de mariage forcé qui s’est retrouvée au devant de l’actualité. Awa Dandio, une brillante élève de 12 ans, en classe de Cm1 est cueillie de force dans son école pour être conduite chez son mari dans un village qui s’appelle Tabassaye. Un mari âgé de 40 ans. Ses camarades de classe, choqués par cette façon de faire des parents de la petite fille, ont violemment manifesté leur colère pour demander son retour. L’affaire qui était censée passer inaperçue est devenue publique. Ainsi, le procureur de la République près du Tribunal régional de Kolda s’est saisi du dossier, tout en demandant au commandant de la Brigade de gendarmerie de Kolda de faire la lumière sur cette affaire. Par la suite, les parents adoptifs de l’enfant et le mari ont été interpellés et placés en garde à vue.

Cette histoire de Awa Dandio peut être considérée comme un arbre qui cache une vaste forêt. Elles sont nombreuses aujourd’hui les Awa Dandio. Elles sont mariées de force avec quelqu’un qui a l’âge de leur père ou même plus âgé que leur père. Elles souffrent en silence, car elles n’osent pas manifester leur opposition au risque d’être considérée comme une mauvaise fille qui remet en cause l’autorité parentale. Dans l’enquête révélée par la presse nationale, on nous apprend que Awa Dandio était contre cette union et avait comme seul rêve de finir ses études pour devenir une gynécologue. Un rêve auquel voulaient mettre terme ses parents adoptifs – elle a perdu ses parents biologiques-. Ce type de mariage ne marque pas seulement un arrêt significatif au développement de la fille, il met aussi en péril sa santé. Les conséquences sont donc là : souffrances psychologiques, grossesses précoces, entre autres.

Après l’ébruitement de cette affaire, des organisations de défense des droits humains et des organisations féministes sont montées au créneau pour dénoncer et condamner ce mariage. Seulement, le combat est loin d’être gagné si l’on se limite simplement à la dénonciation et à la condamnation d’un seul cas. Le véritable combat qu’il faut mener aujourd’hui doit passer par une vaste campagne de sensibilisation, surtout dans le monde rural où ce genre de pratique est banal. Les cas de mariages forcés y font foison. Au moment où l’on plaide pour la scolarisation massive des filles, il semble être paradoxal de venir chercher à l’école une élève pour la donner en mariage. L’Etat ne doit pas donc faillir à cette mission de protéger cette couche vulnérable. C’est bien beau de plaider, à travers des discours pour le respect des droits des femmes et des filles, mais le plus important reste à le concrétiser sur le terrain.

 


Tohu-bohu autour de l’arrestation de Karim Wade

Karim Wade, le fils de l'ancien président de la République, arrêté depuis lundi pour enrichissement illicite
Karim Wade, le fils de l’ancien président de la République, arrêté depuis lundi pour enrichissement illicite

Comme j’ai l’habitude de le dire : au Sénégal on aime beaucoup parler de la politique. On aime passer beaucoup d’heures à palabrer sur des sujets politiques, oubliant même les priorités du moment. Donc, dans ce nouvel article, en bon Sénégalais, je ne vais pas déroger à cette règle. Je vais parler d’un de ces sujets qui passionnent actuellement le plus les Sénégalais : Les biens mal acquis.

Depuis lundi, cette affaire semble prendre une nouvelle tournure avec l’arrestation de Karim Wade, le fils de l’ancien président, Me Abdoulaye Wade. Depuis ce fameux lundi, où M. Karim Wade a été embarqué manu militari dans une voiture de la police judiciaire pour sa garde à vue à la gendarmerie de Colobane (un quartier de Dakar), des voix ont envahi les ondes des radios et les colonnes des journaux pour dire tout ce qui leur traverse l’esprit. Entre défenseurs du fils du président Wade et partisans du régime en place, qui est l’initiateur de la traque des biens mal acquis, chacun essaye de se faire entendre. Certains usent et abusent même du droit, soit pour dénoncer cette arrestation de Karim Wade, soit pour la justifier. Ça dépend du camp dans lequel ils se trouvent. Une vraie bataille d’opinion. Et elle n’a fait que commencer, puisque Karim Wade, qui a fait 48 heures de garde à vue, a été déféré et placé sous mandat de dépôt ce mercredi, à la suite de son face-à-face avec le procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Seulement, dans cette bataille d’opinion, la presse en fait aussi les frais, car victime d’une manipulation de part et d’autre. Certains journalistes, dans leur course effrénée au scoop, n’hésite pas à balancer certaines informations sans au préalable faire la vérification nécessaire.

Donc, après la sortie du procureur spécial, Alioune Ndao, qui a apporté des précisions sur ce dossier qui fait les choux gras de la presse, les avocats de Karim Wade ont apporté leur réplique. Ils parlent de harcèlement politique à l’endroit de leur client. La bande à Me Ciré Clédor Ly a poussé même le bouchon trop loin en qualifiant cette arrestation d’atteinte directe en la personne du président Wade. Je ne savais pas que le fait d’arrêter le fils d’un ex-président à qui on reproche d’avoir mal géré les deniers publics est une atteinte à son père. Tout simplement par qu’il a eu le privilège d’être le fils d’un ancien président ? Ces avocats sont dans leur rôle, me dira-t-on. Mais, même si Karim Wade bénéficie encore de la présomption d’innocence, ils sont tombés dans un dossier qui sera difficile à défendre. Un dossier plus que compliqué. Raison pour laquelle, ils essayent d’orienter les débats sur le terrain politique, en essayant de faire de leur client un prisonnier politique.

Donc, sans pour autant revenir sur tous les détails qui entourent ce dossier, je peux dire qu’il y a des leçons à tirer de cette affaire, surtout pour ceux qui sont aux commandes aujourd’hui. Ils doivent se rappeler à tout moment qu’ils ne sont pas élus pour se remplir les poches, mais pour servir le peuple, le pays. Cette traque des biens mal acquis ne doit pas se limiter seulement à Karim Wade et ses proches ou encore à quelques dignitaires de l’ancien régime. Aujourd’hui, ils sont nombreux à nous avoir dirigés par le passé ou à être encore aux commandes. Donc, dans l’actuel pouvoir aussi, on trouve des gens qui ont eu à occuper avant, au même titre que ceux qu’on traque actuellement, des postes de responsabilités. Leur gestion doit aussi être passée au peigne fin par la Crei. Le Sénégal ne peut qu’en sortir grandi.


On gouverne et on oublie le bas peuple !

Avec l'an 1 de Macky Sall, les Sénégalais sont loin d'avoir le sourire.
Avec l’an 1 de Macky Sall, les Sénégalais sont loin d’avoir le sourire.

Il y a un peu plus de deux semaines, on a célébré au Sénégal l’an 1 de Macky Sall à la tête du pays. A cette occasion, elles étaient nombreuses les voix qui se sont élevées pour manifester leur déception après cette année que vient de boucler le successeur de Me Abdoulaye Wade. Loin d’être élogieuse, elle a fait l’objet d’énormes critiques aussi bien d’opposants au pouvoir (ce qui est normal à mon avis) que de Sénégalais lambda. D’aucuns disaient même qu’on a passé toute cette année à parler et à polémiquer sur des sujets à priorité moindre. Et à titre d’exemple, ces derniers citent l’affaire des Biens mal acquis qui est loin de livrer ses derniers maux. Avec cette affaire, on a l’impression que les dirigeants du pays ont oublié qu’ils ont été élus pour sortir le Sénégal de la difficile situation dans laquelle il se trouve.

La traque des Biens mal acquis fait partie de la bonne gouvernance, me dira-t-on. Mais les priorités, elles, n’attendent pas. Elles sont encore là et deviennent de plus en plus pressantes. C’est bien beau de demander à ceux qui nous gouvernaient avant de rendre des comptes, mais on n’a pas besoin de tout ce tapage médiatique pour le faire. Comme pour donner raison à l’autre qui disait que les politiciens au Sénégal n’ont que leur langue, voilà qu’une autre affaire vient apporter sa dose de pollution…. à l’atmosphère. Celle portant sur le divorce entre Idrissa Seck, le leader de Rewmi et membre de la Coalition Benno Bokk Yaakar (au pouvoir) et Macky Sall. Depuis quelque temps, ce sujet est le plus débattu par nos politiques. Ils oublient encore que les Sénégalais ont d’autres préoccupations que d’écouter des querelles qui opposent des politiciens qui ne sont là que pour leurs propres intérêts.

Aujourd’hui, à la place des débats, le Sénégalais a besoin  qu’on lui parle de la concrétisation de la baisse du prix des denrées de première nécessité, de la disponibilité à tout temps du gaz butane, de la fin des délestages, de la stabilité de l’école, entre autres priorités. Il ne demande que ça. Rien d’autres. Ce n’est pas par des discours qu’on nourrit un peuple. Les Sénégalais ont besoin du concret et de la concrétisation des «belles» promesses que Macky Sall leur avait faites durant tout le long de sa campagne électorale. Lui qui avait promis la rupture d’avec tout ce qui se faisait avec l’ancien régime. Une rupture toujours attendue par le peuple. Donc l’an 1 de Macky Sall vient de passer avec son lot de déceptions.


Mon histoire avec le Métro

Le U5 que je prends chaque matin à Frankfurter Allee pour aller à Alexanderplatz.

Il a neigé encore ce matin. Mais cette fois-ci, la neige n’est pas tombée sur Berlin. Elle s’est plutôt abattue sur moi. Oui, elle a juste attendu que je sorte de l’appartement ce mercredi 5 décembre – alors que je m’apprêtais à prendre mon moyen de transport préféré ces derniers temps – pour qu’elle laisse tomber sur moi ses flocons. Imitant Usain Bolt, j’ai réduit le temps que je mettais d’habitude entre chez moi et le U-Bahn(le Métro berlinois). La petite distance que je parcourais en 5 minutes, je l’ai faite en 3.

Dans le U-Bahn de Frankfurter Allee, l’arrêt à partir duquel je prends le train pour traverser la ville, je retrouve presque les mêmes têtes que j’ai l’habitude de croiser là-bas à pareille heure. A force de fréquenter le même métro, j’ai fini par repérer certaines personnes. J’imagine qu’elles me reconnaissent également : je suis facilement reconnaissable dans cette foule qui est loin d’être bigarrée.

En parlant du U-Bahn berlinois, j’ai encore en tête cet article lu la veille sur le site huffingtonpost.fr portant sur l’histoire d’un homme poussé sur un quai de métro à New-York par un clochard. Gravement touché par le train, il a fini par succomber à l’hôpital à ses blessures. D’ailleurs, le tabloïd New York Post avait publié ce mardi en sa Une la photo de la personne accrochée au quai alors que le train arrivait. Une publication qui suscite une énorme polémique et des vagues d’indignation. Beaucoup s’offusquent du fait qu’un photographe ait préféré immortaliser cette scène horrible, au lieu de secourir cet homme qui faisait face à la mort. Je suis tout a fait d’accord et je suis, au même titre que ceux-là, indigné.

Je dois dire que cette histoire me rappelle une discussion que j’avais eue avec un ami à Paris, l’année dernière. C’était aussi dans un contexte similaire où un homme avait trouvé la mort dans les mêmes conditions, mais cette fois dans le Métro parisien. Il avait été aussi poussé sur le quai par un inconnu. Mon cher ami parisien m’a donné un petit conseil qu’il s’applique, dit-il, chaque matin et chaque soir en prenant le métro pour aller au boulot : il m’a confiait qu’il ne se mettait jamais très près du quai, « car il y a toujours des gens louches tout autour qui sont animés par on ne sait quel sentiment ». Il avait l’air très sérieux en le disant. A l’époque, je ne prenais pas très au sérieux ce qu’il disait…

Mais ce matin, avec cette histoire qui s’est déroulée à New-York, et en me rappelant des conseils donnés par mon ami, je n’ai pas osé m’approcher du quai. Je vais désormais garder une bonne distance entre le quai et moi, et j’attendrai que le train s’arrête pour me bousculer avec les autres devant la porte. Seulement, à Berlin, pas besoin d’avoir de gros muscles pour entrer dans le train comme à Paris. Ici les gens semblent être plus disciplinés. Point de bousculades. Chacun attend son tour pour prendre tranquillement place dans le train.


Présidentielle américaine : Comment j’ai vécu la soirée électorale

J’ai vécu, il y a quatre ans, la soirée électorale de la Présidentielle américaine dans un hôtel à Accra, la capitale ghanéenne. C’était l’euphorie totale dès que les résultats avaient été annoncés. Une foule immense avait fini d’envahir la rue qui jouxte notre hôtel pour manifester sa joie après l’élection de Barack Obama à la tête de la plus grande puissance du monde.

Quatre années après, comme si l’histoire se répétait, j’ai vécu d’une autre manière l’élection présidentielle américaine et loin encore du pays de la Teranga. Cette fois-ci, dans un vol de la compagnie Brussels airlines. J’ai passé donc  «ma soirée électorale américaine» dans les airs. J’étais un peu triste de rater ce grand évènement suivi par des millions de personnes à travers le monde. Seulement, pour me consoler, j’ai pris à l’entrée de l’avion un journal belge, Le Soir, qui a ouvert une large fenêtre sur cette élection. «Les clés pour comprendre la nuit américaine», c’était ça le titre du journal. Pendant presque toutes les premières minutes, j’étais plongé dans la lecture des articles consacrés à cette soirée électorale. Après avoir dévoré les trois pages de ce journal qui parle de l’évènement (j’avoue que c’est tout ce qui m’intéressait quand j’ai parcouru la Une du journal), j’étais là à réfléchir sur ce qui pourrait arriver si Mitt Romney remportait la Présidentielle.

J’avais hâte que les cinq heures de vol finissent pour que je puisse prendre des nouvelles des Etats-Unis. Mais, à l’aéroport de Bruxelles (ma première destination), ma déception a été encore grande. Aussitôt après notre atterrissage, je me retrouve dans une autre file d’abord pour passer la police des frontières, ensuite pour embarquer vers ma destination finale. Mon prochain vol (correspondance) est prévu dans les minutes qui suivent. Donc, pas même le temps de prendre des nouvelles du pays de l’oncle Sam. J’ai essayé, dans la file, d’interpeller quelques têtes sur les résultats de la Présidentielle, mais elles m’ont donné l’impression d’être au même niveau d’information que moi. Donc, dans le vol qui doit m’amener dans la capitale allemande – cette ville pleine d’histoire et de symboles- j’espérais être édifié sur ce qui se passe dans l’autre côté de l’atlantique. Mais, mon calvaire était loin d’être fini. Je retrouve le journal Le Soir dans l’avion, mais cette fois-ci celui de l’édition du mercredi 7 novembre. Seulement, il n’y avait que des analyses sur le déroulement de l’élection. Point de résultats. J’ai vu un des passagers assis dans un des sièges devant moi lire un journal Allemand. Sur la Une, j’aperçois les photos en grand format des deux candidats avec des écritures que j’ai eu du mal à déchiffrer. Je voulais l’interpeller dans la langue de Shakespeare –Ah oui, on dit que tous les Allemands parlent anglais comme deuxième langue-, mais je me suis retenu, car je ne voulais pas perturber sa lecture. Finalement, je me suis résigné à prendre mon mal en patience

Et, c’est à l’aéroport Tegel de Berlin que j’ai su que Mister Obama a été réélu. Pour quatre ans encore. En apprenant les résultats, j’ai eu un petit sourire aux lèvres, synonyme de ma réjouissance de cette réélection de Barack Obama. Mais, je m’en veux toujours d’avoir raté cet évènement. Voilà encore que les Républicains vont devoir patienter quatre autres années pour espérer reconquérir le pouvoir….

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Match Sénégal/Côte d’ivoire : Quand l’indiscipline prend le dessus sur le fair-play

Le Sénégal a joué ce samedi contre la Côte d’Ivoire le match retour comptant pour les qualifications directes pour la Coupe d’Afrique des Nations (Can) 2013 en Afrique du Sud. Les Lions de la Teranga (Hospitalité) ont perdu par deux buts à zéro face aux Eléphants. Pour la petite histoire, c’est un match qui s’est joué seulement sur 73 minutes, au lieu de 90. Il a été interrompu après que l’arbitre a accordé un pénalty à l’équipe ivoirienne qui, par cette occasion, a aggravé le score. Des supporters Sénégalais, piqués je ne sais par quelle mouche, ont commencé à jeter des projectiles et autres bouteilles et canettes vides sur la pelouse. Les plus téméraires sont allés même jusqu’à déclencher un incendie sur les gradins qui se trouvent du côté de la tribune découverte.

Ce comportement des supporters Sénégalais est plus que choquant. Il ternit à jamais l’image de leur pays connu pour son hospitalité. Certains de ces supporters accusent l’arbitre d’avoir accordé trop de faveurs aux Ivoiriens sur les deux buts marqués sur coup de pied arrêté. D’autres pointent du doigt l’équipe et l’encadrement. A mon avis, ces supporters refusent de voir la réalité. Ce n’est pas le moment de se voiler la face. Dans cette rencontre, l’arbitre a fait le match qu’il fallait. Toutes les fautes sifflées contre le Sénégal sont valables, y compris même celles qui ont permis à la Côte d’Ivoire de mener par deux buts à zéro. L’équipe du Sénégal a aussi joué le jeu qu’il fallait et donné le meilleur d’elle-même tout en essayant de bousculer la bande à Drogba. Seulement, son adversaire du jour était de loin supérieur à elle. La Côte d’ivoire, «la meilleure équipe d’Afrique», a juste confirmé son statut. Il a usé de son expérience pour se défaire d’une jeune équipe qui, à mon avis, est toujours en phase de reconstruction.

Aujourd’hui, si on parle de défaite, ça ne devrait pas être celle que les Lions ont concédée face aux Eléphants. La vraie défaite est le comportement que je me permets de qualifier de barbare des supporters Sénégalais. Je n’arrive toujours pas à comprendre cette attitude pathétique de ces supporters qui, du coup, ont terni l’image du Sénégal. C’est triste et choquant quand on voit des gens qui installent le désordre et usent de la violence, tout simplement parce que leur équipe a perdu. Où est le fair-play dans tout cela ? Aujourd’hui, ils ont perdu le match, mais ils risquent aussi de rester des années sans voir leur équipe disputer les compétitions internationales. Car, ce qui s’est passé ce samedi au stade Léopold Sédar Senghor est intolérable. La Confédération africaine de football (Caf) va sévir et la sanction risque d’être lourde pour le Sénégal. Cette attitude est caractéristique de l’indiscipline notoire et du manque de civisme de certains Sénégalais qui, avant même le match, se sont permis de huer l’hymne national de la Côte d’ivoire, oubliant, je dirais même ignorant ce que ce symbole représente pour une nation.

Des joueurs Ivoiriens samedi sur la pelouse du stade Léopold Sédar Senghor, après le déclenchement des incidents

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Six mois de Macky Sall au pouvoir : Du Wade sans Wade

Au soir du 25 mars dernier, ils étaient nombreux les Sénégalais à sauter de joie après l’annonce des résultats consacrant Macky Sall vainqueur du second tour de la Présidentielle devant son rival et ancien mentor, Me Abdoulaye Wade. Ils étaient euphoriques de pouvoir «enfin» se débarrasser du régime de l’alternance qui, pour eux, est à l’origine de tous leurs maux. On entendait même certains dire que le mode de gouvernance va enfin connaître une rupture. Oui, rupture, le mot est bien lâché. Macky Sall, le nouvel élu, adhérait même à cette rupture prônée par autant de Sénégalais. D’ailleurs, il continuait à nous rabâcher dans toutes ses sorties, au lendemain de son élection, qu’il va gouverner en rompant avec tout ce que faisait le défunt régime.

Aujourd’hui, six mois après l’élection de Sall et la formation d’un nouveau

Macky Sall, Président de la République du Sénégal

gouvernement, les Sénégalais ont encore l’air de vivre sous le régime de l’alternance. Ils semblent être nombreux à être déçus de ce nouveau régime. La rupture prônée par Macky Sall et son régime était plus  théorique que pratique. Toutes les pratiques qu’on dénonçait sous le régime de Wade sont copiées, à quelques exceptions près, par le régime de Macky Sall. D’aucuns disent même qu’il est en train de faire du Wade sans Wade.

Avec le Pape du Sopi (changement), on s’offusquait de la taille de ses gouvernements. Macky Sall qui avait promis et fait un gouvernement de 25 ministres est revenu sur sa décision en annonçant depuis New-York, en marge de la 67ème Assemblée générale des Nations-Unies, qu’il va augmenter la taille de son gouvernement. Comme son ancien mentor, Macky adhère aussi au wax waxet (dire et se dédire).

On reprochait à Wade aussi de vouloir caser tout son entourage et de trouver toujours une planque à un ministre ou un directeur de société limogé pour incompétence. Aujourd’hui, le président Macky Sall reconduit le même procédé. Après avoir pris les rênes du pays, il avait dégommé tous les directeurs généraux des sociétés nationales en y mettant ses hommes de confiance. Là, rien à lui reprocher, il n’a fait que suivre la logique qui veut qu’un président élu place l’équipe avec laquelle il compte gouverner. Mais, le seul hic c’est que le chef de l’Etat, comme son prédécesseur, est en train de caser certains parmi ces directeurs qui officiaient sous le régime de Wade et à qui on reproche une gestion pas du tout exemplaire.

Ainsi, il a nommé Aminata Niane, l’ancienne directrice de l’Agence des grands travaux (Apix) comme ministre conseiller. De la même manière, l’ancien directeur général de l’Ageroute, Ibrahima Ndiaye est recasé aussi à la présidence comme conseiller spécial du président de la République. Pourtant, Macky Sall avait limogé toutes ces têtes, juste après son accession au pouvoir. A cette occasion, il disait qu’il nomme qui il veut et quand il veut. On peut le lui concéder en tant que chef de l’Etat, mais à quoi ça sert donc de limoger pour ensuite recaser ?

Aujourd’hui le Président Sall doit revoir sa copie, car beaucoup ne se retrouvent pas dans sa façon de faire qui est loin, très loin même de la rupture prônée jusque là.

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Taisez-vous, on tue en Gambie!

Il y a quelque semaines, le président Gambien Yaya Jammeh occupait les devants de l’actualité. Mister Jammeh, connu pour ses décisions qui frisent la dictature avait annoncé le 20 août dernier, jour de la célébration de la fête de la korité (une fête musulmane marquant la fin du jeûne qui dure un mois), qu’il allait exécuter tous les détenus condamnés à mort dans la fameuse prison Miles 2 de Banjul au courant du mois de septembre. Cette annonce avait soulevé un tollé notamment du côté des organisations de défense des droits l’homme basées à Dakar. Des vagues de condamnations fusaient aussi de partout, appelant le président Gambien à renoncer à sa décision.

D’ailleurs, le président en exercice de l’Union africaine, le chef de l’Etat Béninois Yayi Boni avait envoyé un émissaire, en la personne de son ministre des affaires étrangères, pour demander à Yaya Jammeh de revenir sur cette mesure. Seulement, toute cette gymnastique n’a pas empêché l’homme fort de Banjul d’aller au bout de sa logique. Il a fini par exécuter 9 parmi les 47 détenus ciblés par cette mesure.

A travers cet acte, le Gambien a défié ouvertement la communauté internationale. Le président Jammeh a tenu à montrer à tout le monde qu’il est jaloux de sa réputation de dictateur qu’on lui colle. Lui qui avait dit qu’il peut soigner le Sida, il continue de terroriser son peuple. Et pourtant, aucun Etat -à l’exception du Sénégal qui, on le sait, a deux de ses ressortissants parmi les 9 exécutés- ne lève son plus petit doigt pour indexer ces pratiques du chef de l’Etat Gambien. On est même tenté de dire que nos dirigeants, notamment les présidents africains sont complices de ces actes posés par Yaya Jammeh. C’est vrai que la Gambie est un Etat souverain, mais on ne peut continuer à y porter atteinte aux droits humains. On ne peut pas aussi continuer à bâillonner ce qu’on a de plus noble dans un pays : La liberté de la presse. On ne peut plus compter du bout des doigts le nombre de journaux ou de radios fermés injustement, sans aucune raison valable, ni le nombre de journalistes tués, disparus, exilés ou condamnés par Yaya Jammeh.

Il est temps d’agir et de bouter ce genre de régime hors du continent africain. Il n’est plus question d’encourager des dictateurs dans leurs ignobles taches. Il est donc temps de dire non et de ramener à la raison Yaya Jammeh, classé par slateafrique parmi les 9 chefs d’Etat africains les plus fous. Sa place se trouve à la Cour pénale internationale où il aura comme voisins Laurent Gbagbo et Charles Taylor.

Le président gambien Yaya Jammeh

 

 

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