Mariages forcés et précoces : Silence, on bafoue les droits des filles !

Article : Mariages forcés et précoces : Silence, on bafoue les droits des filles !
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19 mai 2013

Mariages forcés et précoces : Silence, on bafoue les droits des filles !

Une carte du Sénégal. Kolda se trouve au sud du pays.
Une carte du Sénégal. Kolda se trouve au sud du pays.

Il y a quelques jours, une affaire aux allures d’un scandale secouait Koulinto, un village situé dans la région de Kolda, au sud du Sénégal. Il s’agissait d’une affaire de mariage forcé qui s’est retrouvée au devant de l’actualité. Awa Dandio, une brillante élève de 12 ans, en classe de Cm1 est cueillie de force dans son école pour être conduite chez son mari dans un village qui s’appelle Tabassaye. Un mari âgé de 40 ans. Ses camarades de classe, choqués par cette façon de faire des parents de la petite fille, ont violemment manifesté leur colère pour demander son retour. L’affaire qui était censée passer inaperçue est devenue publique. Ainsi, le procureur de la République près du Tribunal régional de Kolda s’est saisi du dossier, tout en demandant au commandant de la Brigade de gendarmerie de Kolda de faire la lumière sur cette affaire. Par la suite, les parents adoptifs de l’enfant et le mari ont été interpellés et placés en garde à vue.

Cette histoire de Awa Dandio peut être considérée comme un arbre qui cache une vaste forêt. Elles sont nombreuses aujourd’hui les Awa Dandio. Elles sont mariées de force avec quelqu’un qui a l’âge de leur père ou même plus âgé que leur père. Elles souffrent en silence, car elles n’osent pas manifester leur opposition au risque d’être considérée comme une mauvaise fille qui remet en cause l’autorité parentale. Dans l’enquête révélée par la presse nationale, on nous apprend que Awa Dandio était contre cette union et avait comme seul rêve de finir ses études pour devenir une gynécologue. Un rêve auquel voulaient mettre terme ses parents adoptifs – elle a perdu ses parents biologiques-. Ce type de mariage ne marque pas seulement un arrêt significatif au développement de la fille, il met aussi en péril sa santé. Les conséquences sont donc là : souffrances psychologiques, grossesses précoces, entre autres.

Après l’ébruitement de cette affaire, des organisations de défense des droits humains et des organisations féministes sont montées au créneau pour dénoncer et condamner ce mariage. Seulement, le combat est loin d’être gagné si l’on se limite simplement à la dénonciation et à la condamnation d’un seul cas. Le véritable combat qu’il faut mener aujourd’hui doit passer par une vaste campagne de sensibilisation, surtout dans le monde rural où ce genre de pratique est banal. Les cas de mariages forcés y font foison. Au moment où l’on plaide pour la scolarisation massive des filles, il semble être paradoxal de venir chercher à l’école une élève pour la donner en mariage. L’Etat ne doit pas donc faillir à cette mission de protéger cette couche vulnérable. C’est bien beau de plaider, à travers des discours pour le respect des droits des femmes et des filles, mais le plus important reste à le concrétiser sur le terrain.

 

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Commentaires

Mackeine
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Article plein d'enseignement. C'est tout simplement un sujet : la lancinante querelle entre la tradition et la modernité. Difficile mais pas impossible d'arrêter ce forcing qui peut paraître à du viol.

Mamadou Diallo
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Oui très difficile dans un pays où la pression sociale est forte. Mais pas impossible comme tu l'as bien dit. En plus même du viol, on pourrait être tenté de l'assimilé à de la pédophilie...