17 avril 2013

Tohu-bohu autour de l’arrestation de Karim Wade

Karim Wade, le fils de l'ancien président de la République, arrêté depuis lundi pour enrichissement illicite
Karim Wade, le fils de l’ancien président de la République, arrêté depuis lundi pour enrichissement illicite

Comme j’ai l’habitude de le dire : au Sénégal on aime beaucoup parler de la politique. On aime passer beaucoup d’heures à palabrer sur des sujets politiques, oubliant même les priorités du moment. Donc, dans ce nouvel article, en bon Sénégalais, je ne vais pas déroger à cette règle. Je vais parler d’un de ces sujets qui passionnent actuellement le plus les Sénégalais : Les biens mal acquis.

Depuis lundi, cette affaire semble prendre une nouvelle tournure avec l’arrestation de Karim Wade, le fils de l’ancien président, Me Abdoulaye Wade. Depuis ce fameux lundi, où M. Karim Wade a été embarqué manu militari dans une voiture de la police judiciaire pour sa garde à vue à la gendarmerie de Colobane (un quartier de Dakar), des voix ont envahi les ondes des radios et les colonnes des journaux pour dire tout ce qui leur traverse l’esprit. Entre défenseurs du fils du président Wade et partisans du régime en place, qui est l’initiateur de la traque des biens mal acquis, chacun essaye de se faire entendre. Certains usent et abusent même du droit, soit pour dénoncer cette arrestation de Karim Wade, soit pour la justifier. Ça dépend du camp dans lequel ils se trouvent. Une vraie bataille d’opinion. Et elle n’a fait que commencer, puisque Karim Wade, qui a fait 48 heures de garde à vue, a été déféré et placé sous mandat de dépôt ce mercredi, à la suite de son face-à-face avec le procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Seulement, dans cette bataille d’opinion, la presse en fait aussi les frais, car victime d’une manipulation de part et d’autre. Certains journalistes, dans leur course effrénée au scoop, n’hésite pas à balancer certaines informations sans au préalable faire la vérification nécessaire.

Donc, après la sortie du procureur spécial, Alioune Ndao, qui a apporté des précisions sur ce dossier qui fait les choux gras de la presse, les avocats de Karim Wade ont apporté leur réplique. Ils parlent de harcèlement politique à l’endroit de leur client. La bande à Me Ciré Clédor Ly a poussé même le bouchon trop loin en qualifiant cette arrestation d’atteinte directe en la personne du président Wade. Je ne savais pas que le fait d’arrêter le fils d’un ex-président à qui on reproche d’avoir mal géré les deniers publics est une atteinte à son père. Tout simplement par qu’il a eu le privilège d’être le fils d’un ancien président ? Ces avocats sont dans leur rôle, me dira-t-on. Mais, même si Karim Wade bénéficie encore de la présomption d’innocence, ils sont tombés dans un dossier qui sera difficile à défendre. Un dossier plus que compliqué. Raison pour laquelle, ils essayent d’orienter les débats sur le terrain politique, en essayant de faire de leur client un prisonnier politique.

Donc, sans pour autant revenir sur tous les détails qui entourent ce dossier, je peux dire qu’il y a des leçons à tirer de cette affaire, surtout pour ceux qui sont aux commandes aujourd’hui. Ils doivent se rappeler à tout moment qu’ils ne sont pas élus pour se remplir les poches, mais pour servir le peuple, le pays. Cette traque des biens mal acquis ne doit pas se limiter seulement à Karim Wade et ses proches ou encore à quelques dignitaires de l’ancien régime. Aujourd’hui, ils sont nombreux à nous avoir dirigés par le passé ou à être encore aux commandes. Donc, dans l’actuel pouvoir aussi, on trouve des gens qui ont eu à occuper avant, au même titre que ceux qu’on traque actuellement, des postes de responsabilités. Leur gestion doit aussi être passée au peigne fin par la Crei. Le Sénégal ne peut qu’en sortir grandi.

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